11/04/2015

Apolitiquement goth

La majorité des goths s'est toujours explicitement déclarée apolitique, id est non partisan. Mais examinons le sens politique des scènes musicales, de la subculture et de leurs thématiques : romantisme, dépolitisation, transgression et re-mythification.


Les idées de révolution politique et sociale qui s'étaient répandues parmi les hippies, les punks puis les postpunks, ont laissé la place, en temps de récession, à un désarroi qui contamina une grande partie de l'après-punk. Le refus de la confrontation et de l'implication politique conduit le goth à construire une posture spectaculaire contre la nouvelle culture mainstream hédoniste de la new pop et du post-disco. Accompagné d'un rejet explicite des musiques afro-américaines alors en vogue, exprimé ouvertement avec le slogan « absolutely no funk ».



Le goth plongea ainsi ses racines dans les thématiques du romantisme et joue depuis avec ses clichés : la sexualité torturée, la décadence, la notion de pêché, la folie, les tourments de l'âme, l'enracinement, le satanisme, le néopaganisme, l'ésotérisme, la féerie, etc.


Ce non-conformisme et ces contre-définitions, bien qu'à contre-courant de valeurs établies, passeraient même pour conservatrices voire réactionnaires au regard des pratiques radicales des prédécesseurs punk et postpunk.

Dans le contexte de dépolitisation des années 80, les musiciens ne se virent plus comme des propagandistes ou des porte-parole, mais comme des artistes, dans le sens aristocratique d'une élite productrice de culture. David Bowie avait déjà mis en scène cette hiérarchie pré-punk entre musiciens et public en soulignant, assez maladroitement, le culte de la personnalité partagé par les rockstars et les leaders totalitaires.


Très tôt, la cold wave avait radicalisé le nihilisme et l'individualisme punk et sensibilisa le public à des esthétiques ouvertement fascisantes, sélectionnées pour ses connotations transgressives et que l'on retrouvera par la suite dans nombreuses musiques sombres.

Le flirt du goth avec l'imaginaire nazi remontait à des influences comme Joy Division ou Siouxsie. Cela constituait une source d'inquiétude constante dans la scène que la presse exorcisait régulièrement en lançant certains groupes sur le sujet. Les hymnes allégoriques de groupes ambiguës pouvant parfois produire d'épiques visions politiques, ouvertes à toutes interprétations.



A noter également que les droites radicales ont réellement tenté d'infiltrer, afin de les orienter, les subcultures autours des ces musiques. Les milieux dark étant souvent acculturés politiquement, ils sont beaucoup plus facilement victimes de l'entrisme de tendances qui développent des discours proches du point de vues thématiques. Les scènes goth et darkwave comprenant une composante plus esthétisante (littéraire et théâtrale) avec le rejet net du politique sont très peu pénétrées. Contrairement aux scènes industrielle, neo folk et black metal plus fortement marquées par les thèmes européistes d'extrême droite.


Sources / pour approfondir

Mise à jour 01/03/2019

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