15/12/2023

Tomorrow Never Knows

Note sur la distance entre le gothic rock et de l'indie post-punk via une reprise.

Tomorrow Never Knows des Beatles, le morceau le plus expérimental et psychédélique de Revolver (5 août 1966). Pionnier de l'échantillonnage et de la manipulation de bandes dans un cadre pop, ce titre est probablement à l'origine de l'idée de studio-comme-instrument de Brian Eno.

Voici donc, 20 ans plus tard, deux des groupes qui ont osé s'y attaquer.

- The Chameleons (janvier 1986) : mutation post-punk bien venue avec la chaleur océanique d'un mur de guitares proto-dreampop. Cohérent pour une formation, menée par un fanatique de Lennon, dont la spécialité textuelle est l'exploration de la conscience. Le psychédélisme mis à jour pour coller au présent. 

- The Mission (mars 1987) : relecture heavy remplaçant l'énergie initiale par une impulsion plus sombre et surtout plus rock, transformant le regard intérieur vers l'interpellation hymnique. Prévisible pour un groupe qui a toujours poussé le gothic vers le classic rock. Le psychédélisme réduit à quelques arrangements.

En bonus :

- Daniel Dax (1990) : digestion des influences indiennes de l'original dans un sinueux morceau électronique. Pertinent pour cette ex-icône goth qui va de l'avant. Le psychédélisme avec sa nouvelle grammaire issue de la rave.

27/11/2023

So old but so cold

Petit retour sur la conférence sur le post-punk en France, de 1978 à aujourd'hui organisé par la revue Persona.

Frédéric Lemaître y proposa de redonner des repères dans ce mouvement intemporel, mélancolique et plus raffiné que le punk (sic).

Après quelques exemples new wave et postpunk, et les indispensables « jeunes gens mödernes », le nombardement bifurque évidemment vers la « french cold wave ».

Voici donc quelques groupes citées à titre de complément du diptyque sur le sujet :

Nous ne saurons jamais ce qui fait l'originalité historique des scènes françaises : le mot conférence n'est pas beau, et n'a rien à faire ici (sic).

Rien à dire de plus. Et pour ceux que ça intéresse, voici :

01/11/2023

Anything Can Happen On Halloween

Incroyable chanson pour ce jour de la Toussaint.
 


Extrait du téléfilm The Worst Witch (Robert W. Young, 1986) avec donc l'immense Tim Curry, et également Diana Rigg, Charlotte Rae et Fairuza Balk

Quoi de plus « goth » qu'un tel cabotinage au sein d'une école anglaise de sorcellerie au milieu des années 80 ?

28/07/2023

Goth Vampire Nation

Partons d'un documentaire, plutôt méconnu, sorti chez Cleopatra Records début 2011.

 

La jaquette du DVD nous présente le film de Jack Foster comme étant le documentaire goth ultime.

Visuels très datés et extraits de vieux films d'horreur pour un ton général collant avec l'idée de carnaval monstrueux. A la fois spectaculaire, provocant et ringard. Cela reste logique pour une production américaine où le mouvement ne cache pas les festivités d'Halloween derrière des prétentions cultureuses.

Niveau musical, cela s'étale sur trois décennies. Profitons alors de quelques exemples des années 90 et 2000 :



Une place est également faite aux groupes féminins de la compile Gothic Divas Presents (2006)



Pour finir sur quelque chose de proche, voici Music from the Succubus Club, bande originale d'accompagnement du jeu de rôle Vampire: The Masquerade, publiée par Dancing Ferret en 1999 :

25/06/2023

Histoires

Revenons à un des premiers sujets du blog : la distinction entre postpunk et goth.

Voici deux morceaux de groupes anglais à composition vocale mixte et évoquant des figures féminines historiques.

- Armagh des Au Pairs (13 mai 1981) : protest song mordante et sarcastique dénonçant les tortures subies par 32 prisonnières politiques en Irlande du Nord.

Une capture de l'idée postpunk que « le politique est personnel », soit l'invasion de la vie quotidienne par les événements contemporains et les actions du gouvernement.

- Snake Dance des March Violets (décembre 1983) : tube euphorique évoquant le mythique suicide de Cléopâtre VII qui se serait laissée mordre par un aspic.

Un témoignage de l'intérêt romantique du goth pour les grandeurs déchues du passé, hérité de l'exotisme des empires du XIXème siècle.

18/06/2023

Pagan Goth

Petite note sur la côté païen du goth.

Avec le goth, les humeurs byroniques ont largement remplacé les postures politiques. Son romantisme valorisant les superstitions médiévales et les désirs primordiaux.

Dès les années 90, le paganisme moderne commença à être perçu comme une influence vitale et une identité au sein du mouvement. Au UK, les termes  « pagan » ou « goth » étaient parfois synonymes et pouvaient être utilisés indifféremment par les promoteurs.

Dans un certain sens, la subculture absorba et nourrit une idée complètement alternative de ce que pourrait être une musique moderne « païenne » ou « occulte ». Du gothic rock à la darkwave la plus éclectique, en passant par divers folklores.

A noter que d'après une étude de Nancy Kilpatrick pour The Goth Bible (2004) jusqu'à 33% des sondés identifiés comme goths étaient fidèles à une forme quelconque de croyance païenne.

Source / pour approfondir :

Mick Mercer, Hex Files: The Goth  Bible (1997)
Simon Reynolds, Dark Things: Goth and the Return of Rock (2005)
Jason Pitzl-Waters, The Darker Shade of Pagan: the Emergence of Goth (2013)

10/06/2023

Racines du Goth

Trevor Bamford (Nightbreed Recordings) a partagé ce qu'il présente comme la playlist la plus cool du monde, un voyage sombre dans les racines de la préhistoire musicale du goth.

En voici un échantillon passé au tamis :

 





Voici aussi ces vieilles notes sur quelques influences notables et souvent occultée, masculines et féminines.

20/01/2023

MCMLXXXIII

Il y a huit lustres, les goths étaient légion.


L'hiver 1982-83 marqua un certain déclin de la new pop et l'émergence du goth. Comme en témoignent l'intérêt de la presse et le succès des soirées de The Batcave qui s'exportèrent dans tout le UK, et même jusqu'à New York.


Ou encore la sortie d'une compilation liée au club :


Alors que les précurseurs postpunk étaient devenus des popstars, les punks positifs et autres pionniers goths cultivèrent cet underground palpitant pour encore quelques années.











C'est aussi cette année là que David Dorrell (NME) a commencé à diffuser l'étiquette « goth », venant de Ian Astbury et Andi Sex Gang, pour désigner la tendance et les fans. (Cf. Origins of the term "Goth" de Pete Scathe).