Il est temps de se pencher sur la nuance entre les codes adjectivaux « goth » et « gothic ».
L'adjectif « gothic » est lui plus souvent utilisé pour caractériser deux mouvements historiquement distincts :
- le style architectural francigenum opus qui s'est développé à partir de la seconde partie du Moyen Âge en Europe occidentale, atteignant son pic au XV° siècle.
- le genre de fiction littéraire anglaise, popularisé à la fin XVIII°/début XIX° et précurseur du roman noir par son cadre lugubre, mystérieux et souvent horrifiant
Comme l'évoque Pete Scathe, l'évolution vers un aspect plus raffiné du mouvement goth fut en grande partie une conséquence de l'étiquetage lui-même. En effet, les différentes appropriations des significations de ces deux termes orientèrent les différentes directions prises.
Le changement d'épithète de « goth » à « gothic » semble avoir accompagné le changement de paradigme du punk au rock au sein de la scène. Et de surcroît, un glissement des signifiants et des thématiques. Ce passage du goth originel au gothic rock, proprement dit, fut essentiellement initié par quelques groupes proposant alors les archétypes du genre.
La formation culte de Ian Astbury fut l'une d'entre elles. Voici donc deux exemples qui marquent assez bien cette rupture, et peuvent donc aider à éclaircir l'espace entre les deux concepts :
- goth, tribal et païen, chez Southern Death Cult, figure de proue des positive punks.
- gothic, épique et romantique, chez The Cult, tête d'affiche des dark rockers.