06/02/2016

Glamoureusement goth

Note sur le continuum culturel glam–punk–goth.

"Echo et Narcisse" par John William Waterhouse (1903)

Le glam offrit la synthèse de deux subcultures alors agonisantes, l’underground et les mods, mais dans un style spécifiquement blanc qui excluait la soul et le reggae.  Son large public innovait en matière d’apparence visuelle (vestimentaire et cosmétique), créant un nouveau look sexuellement ambigu défiant certaines conventions stylistiques conservatrices des milieux populaires. 

Escapistes et tournés vers un passé de fantaisie ou un futur de science-fiction, ces jeunes étaient engagés dans une espèce de performance théâtrale qui n’avait finalement rien de très radical, du fait de leur préférence pour le travestissement et le dandysme, à une véritable politique de libération et de dépassement des rôles sexuels.




Le punk britannique put alors être interprété comme un post-scriptum provocateur griffonné au pied du glam. Mettant à nu ses contradictions implicites, moquant son style exagérément baroque, il en adopta le narcissisme, le nihilisme et le goût pour l'ambiguïté.

L'essence même du glam avait été un mélange d’exhibitionnisme et d'autoritarisme avec son panthéon de stars fascinantes. Comme de nombreux fans de glam devenus punks sapeurs, le Bromley Contingent se retrouva en décalage avec la doctrine « no more heroes » et « anyone can do it » du mouvement. En contradiction avec l'idée d'égalitarisme révolutionnaire que représentait le punk pour ceux qui militaient pour l'occupation de la scène pop par la jeunesse ordinaire, Siouxsie Sioux, Billy Idol & co ne voulaient déchoir les rockstars de la old wave que pour mieux en usurper le trône.


La lecture pistolienne du punk comme un théâtre de la tyrannie et un terrorisme culturel, fut le principal pont entre les politiques provocatrices du glam et celles du goth.

Rapidement, l'hétérogénéité et la mutabilité de ceux qui réagirent au phénomène subculturel punk se traduisirent en une large variété de réponses esthétiques et spectaculaires.


Faisant écho au glam, le new romanticism représenta au début des années 80 une aristocratie auto-proclamée, une élite communautaire, où chaque membre était un aspirant idole. Alors que Boy George et ses pairs devenait des stars, les suiveurs des Banshees et des Ants gravitaient autour de la Batcave. Bien qu'adoptant une conception quasi-opposée quant aux mainstream et à la recherche de succès, le goth ne fut pas si différente du new romanticism, partageant avec lui cette généalogie commune glam et une passion pour la pose.


Sources :

Dick Hebdige, Subculture: The Meaning of Style (1979)
Simon Reynolds, London Glam City (2007)